Ce festival s’inscrit dans le cadre des Hautes
Directives Royales relatives à la promotion de la
culture amazighe et de la culture populaire. Le point
fort de cette initiative est l’accent mis sur la
signification historique, sociale et anthropologique de
l’interculturalité et sur le rôle de la migration dans
la consolidation des échanges culturels. Il s’agit
d’établir une approche cohérente, permettant de
consolider le dialogue interculturel, la cohésion
sociale et la culture démocratique.
Ce festival comprend deux volets:
-un volet consacré au congrès international sur
« Migration et Hybridité : Le Paradigme Maghreb
Europe»
-et un autre consacré à la chanson et à la poésie
amazighe et populaire.
Ce sixième festival sera une période privilégiée qui
peut nous éclairer sur l’impact positif que la migration
en général et le dialogue interculturel en particulier
peuvent avoir sur la paix, la démocratie, le
développement durable et la sauvegarde du patrimoine.
LES AXES DU CONGRES
Les axes inscrits à l’ordre du jour de ce congrès
sont :
1. La pluralité culturelle au Maghreb dans ses
relations avec l’Europe.
2. ‘Orientalisation’, Européanisation, Islamisation
3. Le contexte maghrébin et son métissage
4. Migration et hybridités discursives
5. Écriture et littérature de l’immigration
Le congrès se veut une opportunité pour les experts,
les chercheurs et les acteurs de la société civile de
débattre des questions relatives à la migration et aux
échanges culturels et leur rôle dans le développement et
le dialogue euro-maghrébin. Le Maghreb, en particulier
le Maroc, qui a une tradition ancestrale de la diversité
(culturelle, linguistique, ethnique et religieuse) et
qui a toujours été un carrefour de civilisations
privilégié, peut apporter une contribution fondamentale
au rapprochement des peuples.
Le congrès international "Migration et Hybridité: Le
Paradigme Europe-Maghreb", qui sera organisé dans le
cadre du « Festival de la culture amazighe », qui aura
lieu du 1er au 3 juillet 2010 à Fès, Maroc, ambitionne
d’attirer l’attention des intellectuels, acteurs de la
société civile et des décideurs sur les particularités
sociales, culturelles, géopolitiques et historiques de
cette région euro méditerranéenne. Le Maghreb a
fonctionné depuis des siècles comme un pont
incontournable entre l’Europe et l’Afrique. Les
relations et les échanges entre l’Europe et le Maghreb
ont toujours été très intenses et riches, mais imprégnés
de conflits et de tensions.
La mondialisation d’une part, les obstacles à la
croissance au Maghreb, la convention de Schengen et
l’élargissement de l’Union Européenne ont conduit à
l’évolution des relations entre les deux régions, mais
non pas au développement de tout le Maghreb. Le congrès
a pour objectif de discuter de la situation culturelle
actuelle en partant des différences des
cultures de la région et en analysant la diversité
politique et culturelle dans les pays maghrébins et
européens. Le congrès vise également à proposer des
alternatives pour développer et approfondir le dialogue
interculturel, la tolérance et la communication entre le
Maghreb et l’Europe. Le Maghreb, en particulier le Maroc,
qui a une tradition ancestrale de la diversité (culturelle,
linguistique, ethnique et religieuse) et qui a toujours
été un carrefour de civilisations privilégié, peut
apporter une contribution fondamentale au rapprochement
des peuples.
Les chercheurs participant à ce congrès débattront
des théorèmes internationaux issus de la recherche
postcoloniale et de la recherche sur l’hybridité. Ils
proposeront une relecture des cultures fondamentales du
Maghreb, à savoir les cultures arabe, amazighe, juive,
chrétienne et andalouse, espagnole et française dans
leurs rapports avec l’Europe.
Des théories comme celles d’Edward Said (Orientalism)
et de Homi Bhabha (The Location of
Culture) ont montré que les processus culturels se
conditionnent les uns les autres, mais uniquement
lorsqu’ils s’accomplissent au sein de structures
discursives hégémoniques. Nous introduirons un nouvel
élément dans le débat, à savoir les théories de
l’l’hybridité (Bhabha, de Toro) et du métissage (Laplantine).
Sur le plan littéraire, le congrès examinera comment les
paroles censées appartenir à tel ou tel espace culturel
voyagent et changent et modifient les espaces mêmes.
L’échange entre le Maghreb et l’Europe suppose des
déplacements multiples entre des univers culturels et
politiques différents, mais également des déplacements
de genres littéraires, comme le roman, ou encore le
conte, la chanson, la peinture, le théâtre, etc.
Les paroles déplacées sont aussi celles qui
véhiculent un discours inattendu, parfois difficilement
acceptable. Ces paroles qui bousculent nos conforts
discursifs, nos modèles de communication bien établis,
nos définitions de la littérature et nos identités.
D’une rive à l’autre de la Méditerranée, les
déplacements sont polysémiques et engendrent des
expressions nouvelles, lesquelles à leur tour
déstabilisent les normes d’expression culturelle et
littéraire.
Un autre objectif de ce congrès est de discuter de la
pluralité culturelle du Maghreb et de l’Europe en tant
qu’une chance pour la démocratisation et la tolérance,
et ce, à travers une réévaluation des discours sur
l’identité, la migration, la nation et la culture. Le
congrès est principalement consacré aux thèmes suivants
:
1. Question sur la théorie de la culture
La pluralité culturelle sera traitée ici de façon
critique en tant que condition et en tant que catégorie
théorico-culturelle en considérant sa productivité et
son application possible, surtout au Maghreb,
particulièrement dans ses relations avec l’Europe.
2. ‘Orientalisation’ / Européanisation / Islamisation
Il s’agit ici d’analyser les rapports entre le
discours maghrébin et le discours hégémonique de
l’Europe, notamment aux niveaux de la politique
linguistique, de l’ethnographie et de la littérature de
l’exotisme, et ce dans une perspective maghrébine et
européenne.
3. Le Palimpseste maghrébin et son métissage
Il conviendra ici de faire apparaître davantage la
pluralité culturelle du Maghreb, de ses métissages, et
de ses migrations, en donnant une place de choix aux
cultures amazighe, judéo-maghrébine, chrétienne et
andalouse, mais aussi à leurs convergences, à leurs
métissages, à leurs migrations, à leurs modifications
dans le cadre des mouvements migratoires vers l’Europe
mais aussi depuis l’Europe.
4. Paroles déplacées et hybridités discursives
Entre l’Europe et le Maghreb comme à l’intérieur du
Maghreb, les déplacements et les rencontres, tant de
personnes que de modèles discursifs, sont de plus en
plus nombreux, interdisant en partie les définitions
identitaires fixes. Non seulement les identités, mais
les discours, particulièrement les discours littéraires,
sont constamment en mouvement, en mutation, dans une
hybridité dynamique où s’élaborent un futur différent,
mais aussi une réappropriation de l’histoire en
mutation.
5. Écrire l’émigration/immigration/diasporisation,
dire la mouvance et l’entre-deux
L’émigration est certes la manifestation la plus
patente de ces déplacements de personnes qui engendrent
des déplacements de cultures, de pensées et de paroles.
Mais curieusement l’émigration est aussi, comme le
disait Jacques Berque, un « espace sous-décrit en
littérature». En effet, depuis les années quatre-vingt
de nombreux écrivains «issus de l’émigration/immigration
» ont publié un ensemble d’oeuvres, une littérature
comparable à la littérature algérienne ou maghrébine
francophone d’il y a quarante ans. Est-ce dû à un
changement d’époque, dont le corollaire est le plus
souvent un changement de perception des espaces
politiques et culturels, et de leur rencontre ? Est-ce
dû à une quête identitaire dans un espace postmoderne ou
postcolonial de la migration?